Envie de résorber son embonpoint ?

Décalage entre théorie et faits

"Si les Français devaient être notés sur la nutrition, ils décrocheraient sans aucun doute une mention "excellent" sur la théorie (recommandation de 5 légumes et fruits/jour), mais un "passable" en travaux pratiques."

Ce décalage entre les connaissances et les actes est manifeste dans les résultats tirés d'une analyse statistique auprès d’un échantillon de 38 000 individus faite par la "Cohorte Constances". http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2016/35-36/2016_35-36_8.html

L’excès de poids concerne près de la moitié de la population en France. Ces données confirment l’importance de cette pathologie nutritionnelle en termes de santé publique.

En 2013, la prévalence du surpoids était de :
41,0% chez les hommes et 25,3% pour les femmes.

"La prévalence de l’obésité globale était de :
15,8% pour les hommes et 15,6% pour les femmes.
Celle de l’obésité abdominale était de :
41,6%  chez les hommes et 48,5% chez les femmes".

L’obésité abdominale est définie selon les recommandations de la Haute Autorité de santé : Tour de taille de ≥ 95cm pour les hommes et de ≥ 80 cm pour les femmes.

En fait, toutes les campagnes nationales d'information réunies n’ont pas réglé le problème du surpoids, qui concerne aujourd’hui près d’un Français sur deux entre 30 et 69 ans – un autre résultat de la cohorte Constances. "La prise de conscience des citoyens des enjeux de nutrition était nécessaire, mais elle n’est pas suffisante." Leur seule bonne volonté ne suffit pas, c’est sur leur environnement qu’il faut désormais agir. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2016/35-36/2016_35-36_5.html

"Fenêtre-temps" alimentaire

Chronophysiologie

Dans notre article de blog "choix qui accompagnent la physiologie" nous avions rappelé le précepte bien connu du Dr Kousmine :

"Petit déjeuner de roi,
Déjeuner de prince,
Diner du pauvre".

A cela s'ajoute la régularité des repas pris et l'horaire du repas du soir.
La chronophysiologie propose en plus un repas frugal c'est à dire très léger (si possible sans sucre) et pris tôt vers 18h30 – 19h00.

Enfin, l'arrêt d'absorption de sucres lents ou rapides après 16h30 est particulièrement recommandée, ceux-ci se transformant en gras après cet horaire. C'est un des aspects importants de la chrononutrition.

Etude " Temps alimentaire restreint " ou TRF

Aujourd'hui, une étude préliminaire dirigée par Courtney Peterson (Université d'Alabama à Birmingham) et le professeur Schoeller va beaucoup plus loin : Une chronodiète.
http://www.cell.com/cell-metabolism/pdf/S1550-4131(14)00498-7.pdf 

"Manger seulement pendant une fenêtre-temps beaucoup plus courte que celle que les gens utilisent généralement aide à la perte de poids", dit C. Peterson.

"Nous avons constaté que manger entre 8 heures et 14 heures suivi d'un jeûne journalier de 18 heures a maintenu l'appétit plus uniforme tout au long de la journée, par rapport à manger entre 8 heures et 20 heures, ce qui est la moyenne américaine." Les chercheurs ont trouvé que cette chronodiète permet des niveaux élevés d'oxydation des protéines et du gras pendant la nuit.

"Grâce à des recherches supplémentaires sur la prise alimentaire limitée dans le temps dès un âge précoce, nous pourrions créer une image plus complète pour savoir si cette méthode innovante pourrait mieux prévenir et traiter l'obésité" explique le professeur Schoeller.

Commentaires

Cela équivaut à passer de 3 repas à 2 repas par jour. Or beaucoup de français ne prennent que 2 repas / jour : le déjeuner et le diner. Faire glisser ces 2 repas sur les bons horaires (petit déjeuner et déjeuner) semble, pour ses auteurs,  être une solution intéressante.

L'étude montre que chez les personnes minces, ces nouveaux comportements alimentaires permettent une vie sociale le week-end, puisque l'on peut alors s'en libérer.
Sinon, faisons comme nos voisins européens : invitons nos amis à l'heure du "Brunch".

Notre expérience  personnelle nous a montré :
- Qu'il est important de la démarrer par l'arrêt alimentaire (Essai à 16h30) pour avoir faim le lendemain au petit déjeuner,
- Que lorsque l'on n'a pas d'enfant, nous dégageons alors beaucoup de temps pour d'autres activités,
- Que ce choix de vie est plus difficilement conciliable avec des enfants ou des adolescents.

Questions que pose une telle étude

  • Nous avons tous entendu parlé des régimes méditerranéens ou d'Okinawa, ce que nous lisons moins c'est qu'ils sont basés sur la frugalité. Or dans nos sociétés occidentales nous mangeons généralement trop. Manger autant mais sur 2 repas est-ce mieux que de manger moins à chaque fois ?

  • En amont, n'achèterions-nous pas trop ? Puisqu'il semblerait que les français jettent 27 kg de nourritures encore emballées par an. Nos grandes surfaces alimentaires ne regorgent-elles pas de trop de tentations ? http://www.novethic.fr/index.php?id=299&tx_ausynovethicarticles_articles[article]=144180&L=0
  • Ne serait-il pas obligatoire de revisiter la contradiction entre les messages de l'agro-alimentaire, de la publicité et de telles études ?
  • Si réduire sa quantité de nourriture le soir est difficile pour certains, est-il plus facile de sauter totalement le repas ?
  • A quel âge peut-on commencer ? Ne doit-on pas attendre que l'enfant grandisse pour l'aider ? tout en sachant que les bonnes habitudes se font par mimétisme ?

Mais encore....

  • Est-ce la panacée ? Est-ce la seule solution ?
  • D'autres études proposent d'autres solutions. 2 - 3 - 4 - 5  repas par jour, tout est possible. Le rythme de prise des repas n’est qu’un facteur parmi d’autres, auquel il faut ajouter la composition, l’heure de prise, et des facteurs propres aux individus, comme leur bagage génétique et leur fréquence d’exercice.
    http://www.alternet.org/story/152486/there_is_no_biological_reason_to_eat_three_meals_a_day_--_so_why_do_we_do_it
  • La chronophysiologie a aussi montré que "qui ne dort pas, mange trop", alors pour combattre le surpoids, avons-nous seulement l'arme de la fenêtre-temps alimentaire ? Ne faudrait-il pas une fois de plus porter l'effort sur la quantité de sommeil dont a besoin notre organisme pour bien se réguler ?
    http://www.journalsleep.org/ViewAbstract.aspx?pid=30766
  • La toute nouvelle prise en compte de la qualité du microbiote (associée à des maladies telle l'obésité) c'est à dire de notre flore intestinale, ne modifierait-t-elle pas ce genre d'étude ? ne serait-ce pas préférable de diversifier plus sa nourriture pour améliorer notre flore (par exemple en augmentant la part de fibres végétales absorbées dans les légumes et les fruits) ? L'étude du microbiote donne un rôle-clé à la diversité de l'écologie intestinale qui définit sa résistance, sa résilience et sa stabilité. http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-microbiote-instestinal-les-bienfaits-de-la-diversite-37777.php
  • Les personnes qui évitent les aliments pour lesquels elles ont développé une intolérance alimentaire perdent toutes du poids, ne serait-ce pas encore une autre solution ? Ne faudrait-il pas favoriser la recherche d'intolérances éventuelles ?
  • La synchronisation de nos rythmes biologiques aide à la régulation de notre seuil de satiété ...ne serait-ce pas une possibilité à explorer pour chacun ?

Au final, ne vaudrait-il pas mieux plusieurs approches conjuguées que de s'en remettre à une seule idée, qui peut sembler assez extrémiste, de ne manger que pendant un créneau de 6 heures ?